jeudi 17 août 2017

GAILLAC

Après Cordes-sur-Ciel, la route nous mène aujourd'hui à Albi en passant par GAILLAC, toujours par les chemins détournés, de vallons en clochers et de clochers en collines. Comme l'écrivait mon écrivain-fétiche dans l'autre siècle: "En route, le mieux c'est de se perdre. Lorsqu'on s'égare, les projets font place aux surprises et c'est alors seulement que le voyage commence." Si vous ne voulez pas vous perdre comme Nicolas Bouvier, voici grosso-modo l'itinéraire que nous avons suivi aujourd'hui.





A 1/2 heure de Cordes-sur-Ciel, nous voilà déjà à GAILLAC. Nous sommes en Aveyron, même si c'est le Tarn qui coule le long de la ville. Sur sa rive nord se dressent les briques rouges de l'église Saint-Michel. De la même façon, Argenton-sur-Creuse n'est pas dans la Creuse, mais dans l' Indre. Je n'ai pas oublié la leçon chère Claude.












Fondée en 972 par les bénédictins, cette toute jeune abbaye n'a finalement que 1000 ans, une goutte d'eau dans l'histoire de l'humanité.











Le lieu d'implantation de l'abbaye fut défriché et mis en valeur dans un premier temps avec des cultures vivrières. Par la suite, assez rapidement, la vigne, déjà plantée par les romains, permet un essor important. Un port est créé sur le Tarn, permettant d'exporter le vin vers Bordeaux. 





La Guerre de Cent Ans puis l'épidémie de peste noire, ruinent la ville de Gaillac qui perd la moitié de sa population. Le commerce du vin cesse. En 1562, les guerres de religion opposent catholiques et protestants. Elles s'achèvent en 1572 par un massacre de protestants, défenestrés depuis l'abbaye et achevés dans le Tarn par des bateliers. Décidément, de tous temps, les religions ont engendré la barbarie... 

Etonnament autour de l'église Saint Michel, il n'y a pas un chat dans les rues sauf celui-là, comme si le quartier avait du mal à se remettre de l'épidémie de peste et des guerres de religion.





De vieilles portes closes sur le secret des murs silencieux...





Des serrures fermées à triple-tour sur le poids trop lourd du passé...


Dans ce quartier de l'oubli, mon père a sa rue...




""ICI le 17 avril 1891, il ne se passa strictement RIEN"" 
""Certaines encres, quand vous cherchez à les effacer, c'est pire que tout, toute la page est gâchée. J'ai toujours pensé qu'on n'effaçait pas ce qui est inscrit en profondeur. Ça reste, que tu sois ici ou ailleurs."" (Janine Boissard - Cécile et son amour). Une belle citation qui donne envie de lire ce livre que Yann pourra offrir à sa tendre Cécile...








Autour de l'église Saint Michel de Gaillac, le courrier s'empile parfois dans les vieilles boîtes aux lettres. Bientôt, les pluies d'automne effaceront l'encre des prospectus. Sur la vitre brisée, le rosier posera d'autres belles tâches rouges: des couleurs nouvelles sur les ombres du passé.


Nous quittons Gaillac en franchissant ce pont sur le Tarn, cap sur ALBI toute proche, toujours par le chemin des écoliers.





On se perd sur de charmantes petites routes où on aurait du mal à croiser un gros véhicule. Nous ne croisons personne, on s'arrête au milieu de la chaussée (il n'y a pas de bas-côté), nous saluons 2 pique-boeufs qui, à défaut de boeufs, piquent un champ de foin fraîchement fauché. On tourne le dos au soleil de l'après-midi, cap à l'est. Nul besoin de GPS pour arriver à destination, ici tous les chemins mènent à ALBI...


 Albi, la cité épiscopale, dès demain, si tout le monde reste sage...

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