Au coeur du Gharb, cette maison de nos grands-parents est un monument de notre enfance. Peu à peu, le temps impitoyable en fait une ruine. Mais cette forteresse résiste encore tant bien que mal et je ne peux m'empêcher d'aller la saluer à chacun de mes voyages au Maroc. Et à chaque visite, les descendants de Neg, l'ouvrier de grand-père, viennent du douar voisin, sur l'autre rive de l'oued M'Da, pour me saluer, jamais surpris par ce rituel qui me tient à coeur. Ni colère, ni rancoeur, mais l'émotion demeure, toujours vive, avec le sentiment de rendre visite à une très vieille dame, le sentiment de pouvoir remettre à chaque fois un pied dans mon enfance, et la conscience que tout passe, tout fuit, tout meurt, et une certaine sagesse à l'accepter. Non, il n'y a pas là de quoi pleurer. L'histoire, la petite histoire, s'écrit doucement, et le merveilleux royaume de l'enfance demeure, sur cette terre d'avant où nous nous sommes fièrement construits. (Cliquer sur l'image pour découvrir la vidéo).
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