samedi 7 juillet 2018

OCCITANIE 2018: L'Eau et la Vie




"Ici, c'est un endroit merveilleux. Et pourtant, il n'y a que des arbres, de l'eau et le ciel. Comment dire? C'est un peu comme si ce lieu baignait dans une profonde miséricorde. Cela fait longtemps que je ne me suis pas rappelé l'existence de ce mot, miséricorde" (Yôko Ogawa - Les tendres plaintes)


"Sophia se tient parfaitement immobile, comme suspendue entre le passé et le présent. Elle est la couleur qui attend d'être mélangée, la toile qui attend d'être peinte, une scène qui attend d'être immortalisée sous un vernis brillant" (Deborah Moggah - Le peintre des vanités)


"N'oublie jamais ceci: jouer du jazz, c'est comme raconter une histoire. Une fois la musique envolée et le morceau terminé, il ne doit rester que du bonheur. Sinon, ça ne sert à rien. Strictement à rien!" (Maxence Fermine - Billard Blues)


"Il n'y a d'immobile dans la vie que les souvenirs: nous ne sommes sûrs de garder intact que ce que nous avons perdu" (Sophie Swetchine - Airelles)





"Secrètement, je guette toujours le scarabée d'or, et j'attends qu'un oiseau se pose sur mon épaule, pour me parler d'une voix humaine et me révéler enfin le pourquoi du comment" (Romain Gary - La promesse de l'aube)


"Combien ce serait beau si, pour chaque mer qui nous attend, il y avait un fleuve pour nous. Et quelqu'un - un père, un amour, quelqu'un - capable de nous prendre par la main et de trouver ce fleuve - l'imaginer, l'inventer - et nous poser dans son courant, avec la légèreté de ce seul mot, adieu" (Alessandro Baricco - Océan mer)


"Comment aller vers soi sans encombre? Comment s'installer sans effort en cet état de grâce où ne règne plus que la nonchalance du désir?" (Raoul Vaneigen - La paresse)


"Je pensais au poids de mon corps sur la terre, puis aux autres corps qui marchaient en même temps que moi, à tous nos souffles. Je pensais aux voix qui pouvaient se répondre, je pensais aux mains qui pouvaient se saisir et former un pont entre les pays et les continents, un pont imaginaire entre les récifs et les côtes et puis je pensais à toutes les possibilités amoureuses... Je pensais alors qu'il ne fallait pas avoir peur de l'inconnu parce qu'il ne fallait pas avoir peur de la vie, qu'elle était là comme un océan autour de moi, dans lequel je nageais pour rejoindre quelqu'un que je ne connaissais pas encore" (Jeanne Bouraoui - Nos baisers sont des adieux)





"Des yeux qui ont longtemps regardé la mer! Oh les yeux clairs et lointains des matelots, les yeux d'eau salée des bretons, les yeux d'eau douce des mariniers, les yeux d'eau de source des Celtes, les yeux de rêve et de transparence infinie des riverains des fleuves et des lacs, les yeux qu'on retrouve parfois dans les montagnes, dans le Tyrol et dans les Pyrénées. Des yeux où il y a des ciels, de grandes étendues, des aubes et des crépuscules longuement contemplés sur des immensités d'eaux, de roches ou de plaines. Des yeux où sont entrés et où sont restés tant et tant d'horizons! Comment n'ai-je pas songé plus tôt à tous ces yeux déjà rencontrés? Je m'explique maintenant mes lentes promenades attardées le long des quais et dans les ports" (Jean Lorrain - Monsieur de Phocas)





"C'est ça, la vie. C'est ça, l'amour. C'est courir pieds nus. Savourer quand le sable est fin ou l'herbe douce. Accepter le gravier et parfois le verre pilé. Et se dire qu'on avance malgré tout, quelle que soit la surface. Les écorchures cicatrisent quand même" (Agnès Ledig - De tes nouvelles) 


"Je suis du bois tout resserré. Je suis du bois. Je n'ai plus de jambes, plus de pieds. Je suis quelque chose de dur et de léger dans l'air. Plus de poids. Je n'existe pas" (Jeanne Benameur - Ça t'apprendra à vivre)








"Aucun livre ne peut nous sauver de notre vie. Aucune parole ne sait recueillir ces éclats qui nous reviennent et nous élancent, empêchant le soir de descendre, la paix de venir. Il n'y a pas de consolation puisque tout nous blesse et que rien ne nous fait mourir. Il n'y a que les choses devant nos yeux et la lumière sur ces choses. Il n'y a que ces araignées d'eau que je regarde filer sur la soie d'un étang, fragiles, avançant par saccades comme sous l'accès d'une pensée sans cesse interrompue, sans cesse reprise, inventant la légèreté d'une voie entre les deux éternités massives de l'air et de l'eau" (Christian Bobin - Le Huitième Jour de la semaine)





"Non, le temps ne passe pas. Il arrive qu'il disparaisse, pour mieux réapparaître là où on ne l'attend pas. Le temps se replie sur lui-même, puis se détend jusqu'à la transparence, plus loin d'une chose, trop près d'une autre, limpide comme une méduse. Le temps avance comme ça, contracté, déplié, invisible, urticant" (Isabelle Sorente - La faille)





"Je comprenais maintenant qu'il ne faut pas forcément poser des mots sur les émotions pour qu'elles existent. Certains sentiments sont des souterrains, et on ne peut rien prononcer sans cette pénombre du coeur. L'absence de quelque chose, ça ne veut pas dire que ça n'existe pas" (David Foenkinos - La tête de l'emploi)





"Le mieux serait que tu me demandes ce que tu veux savoir. Et si tu es perplexe, que tu ne sais pas ce que tu dois me demander parce que tu ne sais pas ce que tu veux savoir, demande-moi autre chose" (Daniel Glattauer - La septième vague)








"Silence les morts, malgré tout le respect que je vous dois. Maintenant, c'est à moi de prendre la parole. Laissez-moi juste en toucher un mot. De toi, d'elle, de moi. Moi surtout avec toute la modestie, toute l'humiliation due à mon rang. Mon rang de progéniture, de rien du tout, de moins que rien. Ni diplomate. Ni aviateur. Ni grand écrivain. Simplement vivant. Désespérément vivant aspirant à vivre enfin après ces années de pénombre" (Alexandro Diego Gary - S. ou l'espérance de vie)





"Je crois toujours que c'est la légèreté qui nous sauve" 
(Philippe Besson - En l'absence des hommes)








"Donnez-moi la forêt, le lac, la grande plaine rousse, le pré vert, des tas de papillons, des volées d'aigles, le Sahara avec son lion, Paris avec son peuple. Donnez-moi la montagne, la mer, l'homme, la femme, le vieillard, l'enfant, le ciel bleu, la nuit noire, la petitesse du colibri, l'énormité des constellations. C'est bien j'aime tout, je n'ai pas de préférence dans l'idéal et dans l'infini, je ne fais pas le délicat, je ne fais pas le difficile, je ne fais pas la petite bouche. Je suis le Gargantua du beau" (Victor Hugo - Post Scriptum de ma vie)





"Un écrivain est quelqu'un qui, même si il existe à peine aux yeux du monde, sait entendre au coeur de celui-ci la beauté en même temps que le crime, et qui porte en lui, avec humour ou désolation, à travers les pensées les plus révolutionnaires ou les plus dépressives, un certain destin de l'être" (Yannick Haenel - Tiens ferme ta couronne)





"Ils n'osaient plus se regarder, ils étaient désorientés et ivres de bonheur. Tels deux papillons de nuit qui se heurtent maladroitement, avec la même légèreté, leurs lèvres entrèrent en contact" (Philip Pullman - A la croisée des mondes)


"Les mots se détachent du ciel bleu. Ils descendent lentement sur la page. Ils disent la légèreté, l'ardeur et le jeu. Ils disent l'amour unique, l'amour terrestre. C'est un amour qui contient Dieu, les anges et la nature immense. Il est infime, minuscule. Il tient dans la gorge d'un moineau. Il tient dans le coeur d'un homme simple. Il s'enflamme dans l'air pur. Il est comme l'air qui manque, il est comme l'air qui surabonde. Il est comme l'air dans les cheveux de l'amante, dans les boucles sur sa nuque: infiniment enlacé sur l'infini de lui-même" (Christian Bobin - La part manquante)








"Longtemps, ce fut l'été. Une étoile immobile dominait les soleils tournants. L'été de nuit portait l'été de jour dans ses mains de lumière. Et nous nous parlions bas, en feuillage de nuit" (Yves Bonnefoy - Poèmes)


"À l'enfant qui me demanderait ce qu'est la beauté -et ce ne pourrait être qu'un enfant, car cet âge seul a le désir de l'éclair et l'inquiétude de l'essentiel- je répondrais ceci: est beau tout ce qui s'éloigne de nous, après nous avoir frôlés. Est beau le déséquilibre profond que cause en nous ce léger heurt d'une aile blanche. La beauté est l'ensemble de ces choses qui nous traversent et nous ignorent, aggravant soudain la légèreté de vivre" (Christian Bobin - L'enchantement simple)

Voilà pour cette balade occitane, aux confins du Haut-Gard, de la Basse-Ardèche et de la Lozère-Moyenne, là où l'eau et la vie nous donnent à entendre le silence et la douceur estivale. Bel été à vous tous.


6 commentaires:

KarineSeadream a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Fabrice Brunet a dit…

Festival de couleurs et d'émotions... Les souvenirs sont les acteurs qui jouent dans le théâtre de la mémoire cette "insoutenable légèreté de l'être", à ce titre ils ne sont fidèles qu'à l'image que nous avons de nous-mêmes...
Amitiés Captain !

thierry.tiof a dit…

Et en Juillet, nos belles Cévennes nous gâtent avec la fraîcheur de leurs eaux qui font la joie des libellules... et la danse des papillons... Merci my Karine.

thierry.tiof a dit…

Oui, une légèreté bienvenue sur les rives des cours d'eau cévenols. Et des images qui s'ajoutent à mon carnet de route, des souvenirs qui s'effaceront moins vite. Merci ami Fabrice, bel été et à bientôt.

Louise a dit…

Ce sont vraiment de belles images!
Merci cher Thierry et chère Karine pour votre visite à Labeaume....
J'espère qu'une prochaine rencontre sera un peu plus calme.....
Gros bisous à vous deux de nous trois!

thierry.tiof a dit…

Merci chère Louise. Des gros bisous à vous trois et à bientôt.